Godman, tome 1: au nom de moi, Jonathan Munoz. Editions Fluide glacial, 48 pages, 14,50 euros.
L’adolescence est toujours une période difficile. Et quand en plus on est un Dieu adulé depuis son enfance et toujours poursuivi par la foule, il y a de quoi mal tourner. C’est le cas de Charles. Passablement misanthrope, il n’en a rien à foutre de l’humanité et n’entend ni l’aider et moins encore souffrir pour elle. Il préfère boire de la bière, manger des hot-dogs, baiser avec les filles qui se pressent autour de lui comme autant de groupies, s’envoler quand on l’ennuie et pisser allègrement ensuite sur ce pauvre monde qui le déprime. Indestructible mais capricieux et insensible, il va commencer à changer lorsqu’il va rencontrer une petite fille, Marie Cox. Puis plus tard sa mère, la journaliste Cathy Cox, à la recherche justement de sa fille disparue. De quoi faire apparaître chez lui un sentiment nouveau: l’altruisme. Une même ambition va naître chez un clodo, également croisé par Charles, qui se prend pour Superman. Et ce drôle de trio pourrait aussi partager, sans le savoir, un même traumatisme initial…
Jonathan Munoz nous avait déjà séduit avec ses Mauvaises mines. Ici, il se fait à la fois moins percutant et plus subtil. Et, au final, tout aussi caustique. Par les temps actuels, il est déjà assez courageux de s’en prendre de front aux religions et à leurs foules de “fidèles”. Traité à la manière d’une vedette “people” traqué par les paparazzis mais aussi objet d’un culte fanatique, Charles est certes un drôle de Dieu. Mais la peinture de ses adorateurs, tous passablement crétins, offre une satire décapante et grinçante de la religion et de ses dérives. Et la manière dont il relie, au final, le fil des histoires disparates de ses personnages ne manque pas non plus d’un humour très noir.
Le coeur du récit, autour de l’enlèvement de Marie Cox, est plus quelconque, tout comme le dessin, au style humoristique sans grande personnalité et moins travaillé que pour ses illustrations précédentes. Mais cet aspect du récit permet d’apporter une touche de sensibilité et de fragilité au personnage de Charles. Et de se dire qu’il y a peut-être là de quoi en faire un bon Dieu.







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