Noé, tome 1: Pour la cruauté des hommes, de Darren Aronofsky, Ari Handel et Niko Henrichon, éditions Le Lombard, 72 pages, 15,95 euros.
C’est, dit-on, la “plus grande des histoires“, du moins dans la civilisation judéo-chrétienne. Et pas la moins apte à générer des épisodes fantastiques (à tous les sens du terme). Il n’est donc pas illogique que la Bible, dans sa dimension mythologique, ait été une source d’inspiration pour beaucoup (dernièrement encore avec Crumb et, avant cela, personnellement, je conserve toujours un souvenir ému de la lecture hilarante de la version réalisée par Loup !).
Auréolé désormais du succès de Black Swan et de The Wrestler, Darren Aronofsky en revisite ici la légende comme une quête violente et tragique.
Dans The Fountain, son conte métaphorique spatio-temporelle (que j’ai été, apparemment, l’un des rares à apprécier, au vu du flingage qui a accompagné sa sortie et a failli stopper sa carrière de cinéaste), Aronofsky avait dévoilé quelques penchants New Age et écolo. Il récidive ici, avec un Noé défenseur – bien esseulé – de l’harmonie planétaire, seul conscient de la nécessité de mettre un terme aux souffrances de la Terre et de ses autres habitants. Devant l’impossibilité d’imposer aux hommes de “traiter le monde avec miséricorde“, il se rallie au message divin, transmis par des rêves d’inondations qui le hantent, et part sur le mont Ararat avec sa famille bâtir sa célèbre arche… où il trouvera une aide de la part d’anges bien étranges.
Guère de suspense, bien sûr, dans une histoire que, chrétiens ou non, chacun connaît. En revanche, la vision qu’en tire le dessinateur de comics d’origine canadienne Niko Henrichon (résidant désormais en France) est d’une grande force. Avec un style qui renvoie plus à l’univers de Conan le barbare qu’aux images pieuses. A l’image des trois planches d’ouverture, muettes et parvenant, en trois pages, à résumer les temps forts de la Genèse ! Et Noé, loin du patriarche habituel, est un guerrier barbu et musculeux, dans la force de l’âge, survivant avec sa famille sur un terre aride et désertée, traversant des séquences de massacres, hanté de cauchemars en forme de milliers de cadavres flottant dans des eaux verdâtres… Une approche aussi misanthrope que sombre.
Dans l’attente du film que Darren Aronofsky envisage de tirer de cette histoire, ce premier album, s’il n’est pas certain de recevoir l’imprimatur du Vatican, à de quoi séduire les fans d’héroïc-fantasy épique et de mythologies légendaires.

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