Chroniques de la vigne, conversations avec mon grand-père, Fred Bernard, éditions Glénat, 152 pages, 19,50 euros.
Le succès des Gouttes de dieu ou des Ignorants fait des émules. Auteur de livres pour la jeunesse et, pour ce qui nous intéresse surtout ici, de romans graphiques enthousiasmants (il est notamment le “père” des jolies et délurées Jeanne Picquigny ou Cléo), Fred Bernard se lance à son tour dans l’exploitation viticole en bande dessinée. Ou, plutôt, il profite de cette mode éditoriale du moment pour réaliser cette chronique familiale, intime et chaleureuse, autour d‘un aïeul pas très causant et bourru, mais à la vie intense et à la passion communicative. De fait, c’est plutôt le sous-titre de l’album (“conversations avec mon grand-père”) qui donne le ton ici. Et la structure aussi à l’ouvrage, constitué de petits chapitres souvent initiés par un souvenir, ou un échange avec Bernard Richard, digne héritier d’une dynastie de vignerons que Fred Bernard auraît dû – logiquement – faire perdurer avant de bifurquer vers l’illustration (comme il s’en explique au fil des pages). Mais s’il a choisi une autre forme d’ivresse, celle des récits enlevés et du trait léger, l’auteur rend un bel hommage, ici, à sa famille, à son travail, et à tout ce petit monde structuré autour de quelques pieds de vignes, à Savigny-les-Beaune, en Bourgogne.
Une “ode à la vie”
Bourré d’anecdotes, mêlant les récits du grand-père et les souvenirs familiaux de son petit-fils, les réflexions personnelles et les remarques plus générales sur la viticulture (l’album est ponctué de pages d’extraits des Effets psychologiques du vin d’Edmondo de Amicis), ces Chroniques se savourent plutôt à petite dose (“avec modération“, pourrait-on écrire, vu le sujet). A cause de la densité de l’ouvrage et aussi d’un propos qui, à la longue, lasse un peu si l’on n’est pas passionné par le vin et ses histoires (mais, on l’a vu, la BD se dissout bien dans le raisin fermenté !).
On peut aussi suivre le conseil de l’auteur, qui a le mérite de faire ressortir le joli travail graphique, d’une belle simplicité et rehaussé à l’aquarelle : “Pour finir, faites donc glisser doucement les pages de ce livre entre vos mains… vous verrez passer les jours comme une éphéméride et vous voyagerez également en voiture entre les vignes, les rangs défileront à l’instar des pages du livre que vous feuilletez. Assis à l’arrière de l’automobile de mes parents, cette image et cette association d’idées m’ont marqué ad vitam…”
A petites doses, l’album atteint pleinement son but, que Fred Bernard évoque dans l’une des toutes dernières planches : “Ecouter et parler avec mon grand-père accélère mon pouls et me donne parfois un tournis proche de celui ressenti en observant l’espace infini entre les étoiles… C’est comme boire un bon vin, c’est un ode à la vie, tout simplement“). Santé, alors !






