La vie de Mahomet, tome 1: les débuts d’un prophète. Charb, Zineb, Editions Charlie Hebdo / Les Echappés, 65 pages, 6 euros.
Si l’objectif de Charlie hebdo était de montrer la “banalité” de l’islam comparé aux autres religions monothéistes, le résultat est réussi. S’il s’agissait de faire un coup marketing, rebondissant sur la dernière polémique en date, l’objectif est nettement moins sûr. Ce premier hors-série sur La vie de Mahomet, consacrée aux “débuts d’un prophète“, se laisse en tout cas lire sans émotions particulières.
Dans la présentation de l’ouvrage et dans un entretien avant la sortie de ce premier petit album, Charb, directeur de Charlie Hebdo et dessinateur de La vie de Mahomet, se justifie et explique le but de ce hors série, en rappelant, notamment, qu’en occident, “tout le monde peut citer des épisodes de la vie de Jésus, mais qui peut citer un épisode de la vie de Mahomet ? Est-ce normal dans un pays comme la France, où l’islam est présenté comme la deuxième religion ?” Ce qui n’est, bien sûr, pas faux.
Se référant aux textes traditionnels et à leurs exegètes, l’album fait donc ouvertement plus dans la vulgarisation que dans la vulgarité. Dans ce premier épisode, on découvre donc Mahomet avant l’islam, en bébé élu par Dieu, élevé par des nourrices et, déjà – lui aussi – auteur de miracles. Le tout traité sans dévotion excessive, mais sans provocation, uniquement dans l’illustration des textes, puisés donc aux meilleures sources.
Reste la question, prétendument tabou, de la représentation physique de Mahomet. Les auteurs, Charb et Zineb (collaboratrice de Charlie Hebdo, sociologue des religions) balisent le terrain dans leur préface, rappelant l’inexistence dans le Coran de toute mention explicite d’un tel interdit (et de la présence, dans la tradition chiite, par exemple, d’une telle représentation).
Pour le reste, on retrouve ici le trait habituel de Charb, avec ses personnages caricaturaux à gros nez, son style volontiers grotesque et une coloration des personnnages en jaune (style Maurice et Patapon) qui donne un peu l’impression de lire une BD des Simpson. Avec ses couleurs chaudes, aucunement réalistes et ne prétendant nullement l’être, l’album entend faire dans la métaphore “parfatiement halal“, comme la caractérise Charb.
Au final, l’album se laisse lire sans déplaisir. Mais sans grand enthousiasme non plus. Un peu comme un conte ou une légende épique… et ce que cela peut entraîner de lassitude. Ce n’est en revanche pas sans intérêt pour le béotien qui pourra y découvrir quelques éléments sur les racines de la deuxième religion mondiale, avec un récit et une mise en scène qui n’ont, effectivement, rien de bien drôle. Bref, un fascicule qui a plus sa place à côté de la Bible expliquée aux enfants – ou de la Genèse dessinée par Robert Crumb – que dans les rayonnages des ouvrages satiriques, mais puisque c’était le but recherché… Quant à savoir si, justement, un journal satirique (dont l’objectif premier reste quand même de faire rire) était le mieux indiqué pour une telle entreprise, c’est une autre histoire.






