Jeux sans frontière, Ptiluc. Editions Paquet, 48 pages, 10,50 euros.
Cette histoire aura connu bien des déboires avant de devenir un album… Et l’un des moindres aura été, pour ma part, de l’oublier injustement sous une pile, depuis l’été dernier.
Une équipe logistique de Toubib sans frontières (TSF) parcourt, passablement inconscients, partis livrer un vieux stock de vaccins dans la savane africaine, avant d’être kidnappés par des enfants soldats dirigés par un vieux prêtre belge. Et ce n’est que le début de leurs péripéties, au cours desquelles ils croiseront toute une faune improbable d’humanitaires aussi peu crédibles qu’eux…
Ptiluc a donc eu beaucoup de mal à sortir cet album, longtemps réduit à sa forme de blog, avant qu’un éditeur – en l’occurrence Paquet – ne se décide à le publier. Une décision heureuse et justifiée pour un album drôlement féroce.
Quittant un temps ses fameux rats, Ptiluc en décrit d’autres, finalement, à travers cette vision très “politiquement incorrecte” des humanitaires, du charity business et d’une Afrique mise à sac tout autant par ses satrapes locaux et ses enfants soldats que par des occidentaux qui, sous couvert d’actions caritatives se coulent dans les pires travers du colonialisme d’antan.
On pourra reprocher à Ptiluc de ne pas faire montre ici d’un excès de subtilité. Mais pas de ne pas connaître son sujet, lui qui pendant plusieurs années à sillonné les pistes africaines en moto. Il y a trouvé en partie les éléments qui nourrissent cet album. Et puis Ptiluc le fait avec son style inimitable et dans une frénésie burlesque tout à fait assumée qui parvient à faire passer quelques vérités tout en faisant sourire. A classer parmi ses albums “hors série”, à côté du beau diptyque La Mémoire et la boue, tout aussi misanthrope. De l’humour noir, bien sûr.






