Shoah et bande dessinée, l’image au service de la mémoire, sous la direction de Didier Pasamonik et Joël Kotek. Editions Denoël Graphic / Mémorial de la Shoah,168 pages, 29,90 euros.
Offrant la possibilité de saisir l’esprit de l’expo “Shoah et bande dessinée” à ceux qui ne pourraient se rendre à Paris, ce catalogue format BD, sur un beau papier blanc cassé et très richement illustré, permet un heureux prolongement de la réflexion.
Plus qu’un simple catalogue d’expo, c’est un vrai ouvrage de référence sur le sujet. Quelques textes sont signés des deux commissaires de l’exposition, le journaliste Didier Pasamonik et l’historien Joël Kotek (qui ont édité ensemble voilà deux ans un ouvrage sur Mickey à Gurs et les carnets de dessins inédits de Horst Rosenthal). D’autres sont l’oeuvre de contributeurs de haut niveau (Art Spiegelman, Bernard Joubert, Pascal Ory, Annette Wieviorka)…

Considérations générales ou monographies plus pointues, les articles évoquent, comme l’expo, une vaste palette de sujets : l’impuissance des super-héros à “libérer Auschwitz” (avec une passionnante interview de Chris Claremont, l’auteur qui fit de Magneto, l’ennemi des X-Men un rescapé de la Shoah ; la “révolution Maus” (analysé par Tal Bruttmann ou Martin Winckler) ; l’évocation des bandes dessinées antisémites de la “fachosphère”, par le spécialiste de l’extrême-droite Jean-Yves Camus.
Le premier grand chapitre, consacrée aux premières oeuvres sur le sujet s’enrichit notamment d’un plaidoyer convaincant de Bruttman au sujet de l’évocation de la Shoah dans La Bête est morte de Calvo ou l’analyse par Spiegelman de Master race, de Bernard Krigstein, récit fondateur sur le sujet.
Le dernier chapitre élargit la focale à d’autres génocides à travers la BD, comme celui des Arméniens ou du Rwanda, où à d’autres victimes considérées également comme des “sous-hommes” par les nazis (tziganes ou homosexuels notamment).
Très pertinents pour la plupart, les articles restent toujours très accessibles et ils sont valorisés par une mise en page richement illustrée. De nombreuses planches visibles dans l’expo sont ainsi reproduites. Mais aussi quelques histoires courtes complètes, comme Hitler à New York de Will Eisner ou le fondateur Master Race de Bernard Krigstein.
Dans l’idéal, il est même préférable de lire d’abord l’ouvrage afin de profiter encore plus ensuite de la vue des œuvres originales ainsi recontextualisées.







