Le prix ACBD Asie 2019 a été rendu public ce dimanche après-midi lors de la Japan Expo. Parmi un choix d’albums intéressants et tous digne d’intérêt, c’est donc les Montagnes hallucinées, adaptation fidèle et angoissante d’un court roman de Howard Philipps Lovecraft qui a obtenu le plus de votes des membres de l’association de journalistes et critiques.
Un manga déjà pointé dans ces colonnes et un choix salué par le comité ACBD Asie, qui évoque une “adaptation d’exception d’un des plus emblématiques récits du maître du récit horrifique H. P. Lovecraft“.
De fait, ce récit contant les déboires et les découvertes hallucinantes d’une expédition scientifique dans l’antarctique au début du XXe siècle est effectivement une très belle mise en images du roman. Notamment dans la visualisation des secrets cachés dans les gigantesques et terrifiantes montagnes qui donnent le nom au récit, ainsi que la révélation des “Grands anciens” à l’origine de l’histoire même de notre planète.
“Gou Tanabe accomplit ici une véritable gageure, confirme l’ACBD: mettre en images, avec brio qui plus est, une mythologie et des créatures jugées irreprésentables. La maîtrise du dessin s’impose immédiatement, offrant tour à tour de vastes et fascinants panoramas des paysages antarctiques, une précision technique dans le traitement des personnages, de leurs outils et de leurs pratiques, et un imaginaire stupéfiant quand il s’agit de l’architecture et de l’histoire des « Anciens ». Le mangaka réalise par ailleurs un travail subtil sur l’atmosphère et construit une tension narrative qui rend la lecture d’un bout à l’autre captivante. On notera enfin le superbe travail éditorial réalisé par Ki-oon, dont une étonnante couverture à effet cuir, inattendue dans l’édition manga mais pertinente par rapport à l’univers bibliophile de Lovecraft.”
Si ce diptyque s’impose par sa force visuelle et son rythme oppressant, les quatre autres titres en compétition peuvent valoir aussi le coup d’oeil.
Errance (d’Inio Asano, éditions Kana) pour sa maîtrise narrative sur un récit un brin minimaliste de la dépression d’un mangaka, Saltiness (de Minoru Furuya, ed. Akata) pour une autre forme d’errance, nettement plus foldingue (même si l’absurdité du personnage fatigue et agace au bout d’un moment).
La Lanterne de Nyx (par Kan Takahama, éditions Glénat) séduit par la beauté de son dessin et l’attention didactique mise à restituer certains aspects du Japon de l’ère Meiji. Enfin, Les Mauvaises Herbes (de Keum Suk Gendry-Kim, éditions Delcourt) vaut pour le témoignage impressionnant qu’il évoque, au-delà des faiblesses narratives.







