
On naît tous égaux mais certains sont un peu moins égaux que les autres. Prenez cette petite fille anglaise. De l’âge de quatre ans à l’âge de neuf ans, son père l’a violée sans omettre de prendre des photos et de tourner des vidéos. Exceptionnellement dans une enquête de pédopornographie, les enquêteurs français, à partir d’un cliché et avec l’aide de leurs homologues britanniques, ont retrouvé la trace de cette enfant.
“Quand la juge d’instruction m’a raconté son histoire, pour la première fois, j’ai pu mettre un visage humain derrière les photos. Pour moi, avant, c’était un monde virtuel” : on naît tous égaux mais il manquait quelques billes quand Stéphane a fait son apparition dans cette vallée de larmes, en 1978.
Abandonné par ses parents, il est adopté par un couple amiénois. Ça se passe bien avec eux, davantage qu’avec sa sœur, accueillie dans la même famille. Elle le décrit comme “dangereux et violent”. Elle l’a aussi accusé d’attouchements dans leur enfance. Il lui en veut terriblement : “Mes dents n’ont jamais poussé, j’ai dû porter des appareils et grâce à elle, toute l’école l’a su. J’ai vécu l’enfer. J’étais la risée de tout le monde. Je suis arrivé dans la vie adulte sans confiance, avec un dégoût de moi. Aujourd’hui encore, si je croise des jeunes, j’ai toujours l’impression qu’ils se moquent de moi”.
“C’est une addiction pas très éloignée de la toxicomanie”
Il fait remonter ses pulsions pédophiles très tôt, vers 12 ans. C’est un grand classique : il a d’abord découpé des photos dans les Trois Suisses ou La Redoute, puis Internet a déferlé, comme une vitrine derrière laquelle seraient alignés de petits garçons et filles dénudés.
“Des images monstrueuses”, estime la présidente du tribunal, qui pourtant en voit d’horribles chaque semaine.
Il a été condamné en 2001 pour ça. En 2006, sa petite amie l’a quitté et son beau-père s’est suicidé. “J’ai replongé”, avoue-t-il.
“C’est une addiction pas très éloignée de la toxicomanie”, analyse son avocate Me Fayein.
Son héro ou sa coke, c’est une petite fille anglaise au regard vide.
Jugement : six mois de prison ferme.






