
Les cheveux noirs en bataille sur une tête juvénile, Jean-Claude ne fait pas ses 28 ans. Le 13 mars, il a été contrôlé dans la nuit abbevilloise par deux policiers qui savaient que le jeune homme, à cause d’une de ses dix condamnations, n’avait pas le droit de paraître dans la cité du Ponthieu. Sur lui, il avait neuf grammes de résine de cannabis. Il passe en comparution immédiate. Le retour en prison semble inéluctable.
Son avocat, Stéphane Daquo, connaît bien Jean-Claude.
Son Jean-Claude à lui, ce n’est pas un délinquant récidiviste. Non, c’est un gamin de dix ans « resté sagement debout dans
mon bureau parce qu’il n’y avait pas assez de chaises ».
Son père venait de passer à travers une verrière après que son patron lui eut expliqué que le chantier ne souffrirait pas d’attendre deux jours qu’un filet de sécurité fût posé. Patron qui en guise d’oraison demandera à la famille de venir rechercher la voiture du mort, « parce qu’elle gêne dans l’entrée de l’atelier ».
Ça n’excuse pas un casier judiciaire. D’autres ont subi encore pire et mènent une vie sans tache. Pour autant, Me Daquo ne peut s’empêcher de voir le gamin quand on lui demande de défendre le prévenu.
Son histoire émeut tout le monde, sauf la procureure qui requiert froidement neuf mois ferme et l’avocate d’un des deux policiers, qui tente de racler 200 euros pour une supposée rébellion qui mérite que l’on se penchât sur elle. Le rapport de police indique que Jean-Claude a fait un pas en arrière « nous laissant supposer qu’il allait se soustraire à notre contrôle », il souligne qu’au moment de lui passer les menottes, il a « tendu son bras » et regrette enfin qu’en geôle, il ait «vociféré contre la société ».
« Je suis sorti du commissariat de Dieppe sans rien. J’ai fait du stop, j’ai pris le train pour ramener mon linge sale chez mon frère à Abbeville. À Amiens, j’avais vingt minutes de correspondance, j’ai acheté un peu de cannabis. Je suis seul à Amiens, le soir, je réfléchis trop. Mais c’est une honte, je sais, et je m’excuse ».
C’est assez pour que le Parquet l’accuse de trois ans de consommation de drogue puis, réalisant que Jean-Claude a passé plusieurs mois en taule, demande que cette période d’incarcération fût ôtée de la prévention.
Ô la belle hypocrisie, quand on sait qu’il est plus facile de trouver une barrette de shit en maison d’arrêt qu’un paquet de Gitanes à 22 heures dans Amiens !
Le jugement que rend le président Montoy est un délice pour l’oreille. Une seule journée de consommation de stupéfiant est retenue. Jean-Claude est relaxé de la rébellion. Il écope d’un mois sans mandat de dépôt. Il s’excuse encore, dit merci, se tourne vers son avocat et, en guise d’hommage, joint ses mains comme en prière puis penche la tête. Ce n’est pas un mauvais gamin…
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