Si Luka Elsner prône une meilleure communication sur le sujet, Christophe Jallet ne se fait pas trop d’illusions.
Après la surenchère dans les tribunes, le football français a tenté mercredi de recentrer le débat sur l’homophobie dans les stades, en commençant par mettre autour d’une table les acteurs concernés.
Ces derniers jours, plusieurs d’entre eux – supporters, associations de lutte contre l’homophobie, dirigeants sportifs – ont continué à travailler dans l’ombre et sont restés optimistes sur une avancée des discussions, bien loin de la tension affichée mardi entre le patron du foot français Noël Le Graët et la ministre des Sports Roxana Maracineanu.
Les deux responsables ont également souhaité apaiser le climat mercredi soir, dans un communiqué commun où ils se sont dits tous deux favorables à une «action qui doit être aussi résolue qu’adaptée et pragmatique», invitant «les associations de supporters et les clubs à s’unir» pour «lutter solidairement contre toutes les formes de discrimination».
Une bonne initiative selon Luka Elsner, l’entraîneur amiénois, favorable à une meilleure communication sur le sujet: «C’est toujours le meilleur des moyens et je pense qu’on avait débuté de manière inverse. Par une répression au lieu d’avoir une communication à la base. Ce sont des choses ancrées dans la culture footbalistique depuis très longtemps et tout d’un coup, cela crée un problème… Je suis tout à fait conscient de l’évolution de la société et du besoin absolu de régler ce genre de problème. Si on se met autour d’une table et qu’on en discute, il y a des choses qui peuvent se régler très facilement mais notre société doit protéger toutes ses composantes et si on peut arrêter ce genre de discours ou de méfait, il faut absolument le faire mais cela passera forcément par la communication.»
«À bas la connerie
mais ce n’est pas
pour tout de suite.»
Un avis partagé par Christophe Jallet, le défenseur de l’ASC: «Que ce soit l’homophobie ou le racisme, ce sont des sujets hyper délicats. Toute cette gangrène pollue le monde du sport et notre vie de tous les jours, notre quotidien. On ne pourra jamais empêcher l’imbécillité, malheureusement. À nous de trouver les bonnes solutions. Nous, les acteurs du foot et les dirigeants, nous devons essayer d’enrayer tout ça. Après, il y a des us et coutumes dans le monde du football depuis des années et pour les éradiquer, les enlever, les atténuer, cela prend forcément du temps. C’est un ensemble et c’est au monde du football à mettre en place des choses pour que ces incidents ne perturbent pas les êtres humains et les sportifs parce que cela devient pénible pour tout le monde. Je n’aurai qu’une chose à dire: à bas la connerie mais ce n’est pas pour tout de suite.»
«Il faut que les politiques nous fassent confiance et nous laissent travailler», a martelé Didier Quillot au sortir de la réunion qui regroupait donc l’Association nationale des supporters (ANS), qui réunit des clubs de toute la France, et les associations de lutte contre l’homophobie (SOS Homophobie, Foot ensemble, Licra, PanamBoyz). En filigrane, se pose également la question de l’arrêt des matches sachant qu’un cadre a été donné aux délégués de la LFP (qui sont directement en contact avec les arbitres), pour faire la différence entre les propos discriminatoires, susceptibles d’entraîner une interruption, et les propos insultants.
«Pour nous c’est une solution souvent extrême», a rappelé Nathalie Boy de la Tour, présidente de LFP. Mais «il faut raison garder, sur 118 matches» depuis le début de la saison, «il y a eu 7 matches interrompus», soit au total «20 minutes d’arrêt de jeu».







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