Sur les bords du monde, l’odyssée de Sir Ernest Shackleton, tome 2/2. Malaterre, Henri Richez (scénario), Olivier Frasier (dessin). Éditions Grand Angle / Bamboo, 48 pages, 23 euros.
Dans ce deuxième volet de l’aventure Shackleton, on retrouve les marins en décembre 1915, plus d’un an après le départ de l’infortunée expédition et un mois après que leur navire ait été broyé par les glaces. La traversée de l’Antarctique désormais abandonnée, l’explorateur décide de tenter de rejoindre l’île Paulet, où il a laissé des vivres lors d’un précédent voyage. C’est le début d’une terrible odyssée qui durera encore huit mois, en barque à travers les quarantièmes rugissants et les cinquantièmes hurlants, avec une bifurcation imprévue de l’itinéraire et une ultime marche pour trouver des secours.
Le 30 août 1916, Sir Shackleton tient en tout cas son engagement : il réussit à ramener les 23 rescapés à la civilisation. Triste ironie, une bonne partie d’entre eux, engagés dans l’armée anglaise, ne survivront pas aux combats de la Première Guerre mondiale. Et leur exploit passera inaperçu au milieu du tumulte du conflit. Belle exhumation donc ici, avec le ton qu’il fallait…
Si le premier tome était dominé par le souffle de l’aventure maritime, c’est plus primitivement une question de survie qui est au cœur de celui-ci, poussant les relations humaines à leur paroxysme et révélant la nature humaine sous tous ses aspects. Lâcheté, petites mesquineries, odieuses pulsions (racontées et dessinées avec pudeur), mais aussi un courage et une abnégation sans failles.
Les auteurs restituent tout cela avec réalisme, mais aussi délicatesse, tandis que le dessin d’Olivier Frasier (le dessinateur picard) se fait plus aéré et profond, mais toujours aussi vif. Et même si la fin est connue, on vibre avec les marins perdus dans le continent blanc ou au milieu des mers déchaînées. Une belle aventure humaine qui restituée avec toute son humanité, justement






