7 frères, Didier Convard et Jean-Christophe Camus (scénario), Camus, Hervé Boivin (dessin). Editions Delcourt, 56 pages, 14,95 euros.
Vous avez demandé la lumière ? Humour en loge, Jiho. Editions Dervy, 124 âges, 20 euros.
La franc-maçonnerie suscite toujours autant d’intérêt et de curiosité. Deux albums récents en montrent aussi les coulisses, de manière très différente, sur le mode du polar et de l’humour.
Sept frères replonge dans l’ambiance de l’occupation allemande. Durant la Seconde guerre mondiale, les membres d’une loge, participant à un réseau de résistance, sont arrêtés, manifestement suite à une dénonciation. En janvier 1951, les sept frères rescapés se voient mystérieusement conviés à une “tenue”, une réunion de leur défunte loge de la Rose silencieuse, par leur vénérable maître… décédé. L’un est devenu un écrivain populaire, un autre dessinateur, d’autres encore photographe ou libraire. Et tous sont potentiellement coupables de la traîtrise de 1943. Ce sera l’occasion d’y voir révélé un secret, qui ne sera pas que maçonnique.
C’est dans une atmosphère moins pesante que se situe Jiho (dessinateur de presse que l’on aime à suivre, notamment, dans Sud Ouest et Siné mensuel), dont l’album de ses dessins parus dans le magazine Franc-maçonnerie magazine vient également de paraître dernièrement. Dans Vous avez demandé la lumière ?, le dessinateur de presse (franc-maçon lui-même) lève le voile sur la vie maçonnique, ses rites et coutumes, parfois comiques, et des comportements parfois douteux, puisés dans l’actualité récente…
Souvent caustique, les dessins “maçonniques” de Jiho conserve la même saine férocité de ceux de Siné mensuel et ne ménagent guère ses frères (dont l’ex-frère Xavier Bertrand, rappelé à l’ordre au détour d’un crobard), qu’il s’agisse des magouilles ayant touché le milieu franc-maçon de la Côte d’Azur, de la laïcité ou du débat sur la non-mixité au Grand Orient de France. Acéré, pointu et très drôle
Réalisés pour un public d'”initiés”, ces dessins restent néanmoins bien compréhensibles pour tous les lecteurs (une fois saisi le principe de l’usage des initiales – “VM” pour vénérable maître, etc – suivi des fameux trois points qui parsèment les titres). Et, surtout, ils sont vraiment drôles, avec une réjouissante férocité anti-cléricale ou un humour absurde, non dénué de tendresse et de réflexion, comme ce beau portrait d’une femme sous un hijab.
Du comique, on passe donc au tragique avec 7 frères. Dans une série-concept inégale initiée par David Chauvel chez Delcourt, cet album se situe dans une honorable moyenne. Et il bénéficie des connaissances érudites de Didier Convard (autre “frère” s’étant dévoilé, lui-aussi) sur l’histoire et les rites de la franc-maçonnerie. Le dessin réaliste est ultra classique et l’intrigue, au final, est assez basique. Mais elle est bien tenue, à base de flash-backs successifs et d’un huis-clos oppressant, revenant sans cesse sur la nuit des arrestations et la manière dont celle-ci va hanter les survivants.
Deux manières, donc, d’entrevoir “la lumière”, avec des planches incontestablement maçonniques. Mais ouvertes à tous les profanes.






