Otaku blue, tome 1 : Tokyo underground, Marazano, Kerfriden, éditions Dargaud, 56 pages, 13,99 euros.
C’est à une intéressante plongée dans un Japon bien glauque à laquelle invitent Marazano et Kerfriden dans cette nouvelle série. Derrière une belle et intrigante couverture, deux histoires avancent en parallèle, dans ce premier album, d’exposition – mais déjà lesté d’un bon poids et d’une pagination un peu plus étoffée que le 48 pages classique.
D’un côté, Asami, jeune étudiante en sociologie qui fait une thèse sur les “otaku”, ces fans monomaniaques (de jeu vidéo, de séries télé ou de mangas) au point de se désocialiser. Gênée financièrement pour poursuivre ses études, lasse de devoir jouer les soubrettes de soirée pour messieurs libidineux dans un bar de nuit, en pleine embrouille sentimentale avec son copain, pour mener à bien ces recherches, elle va s’introduire au sein d’une bande de jeunes filles vivant déguisées à l’image de leurs héroïnes. De l’autre, plus sordide encore, deux inspecteurs pistent un tueur en série qui mutilent les jeunes femmes qu’il assassine : une fois en leur ôtant les pieds, une autre fois, les seins, ou les mains… Deux intrigues que rien ne semblent relier. A moins que le mystérieux “Buntaro”, otaku mythologique ne soit le lien entre les deux histoires…
Le sens de la narration et la capacité de Richard Marazano (Le complexe du chimpanzé, le Protocole Pélican, etc) à tenir un récit n’est plus à démontrer. Il le confirme encore ici. Conduisant simultanément les deux récits en parvenant à tenir l’équilibre entre l’enquête policière et la recherche sociale. Malo Kerfriden (qui ne m’avait qu’à moitié emballé dans KGB, de Valérie Mangin) soigne son dessin – réaliste et léché – et fait vraiment exister les personnages.
De quoi donner envie de connaître la suite, et la fin de ce thriller… dépaysant.






